Homélie pour le 21e dimanche ordinaire année B par Père Jean-Marc

Première lecture : Jos 24, 1-2a.15-17.18b Deuxième lecture : Ep 5, 21-32 Évangile : Jn 6, 60-69

Seigneur à qui irions-nous ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle.

HOMÉLIE TEXTE

Abbaye Notre-Dame d’Acey, dimanche 25 août 2024 21ème dimanche ordinaire – B – 2024

Josué 24, 1-2a.15-17.18b    Ephésiens 5, 21-32    Jean 6, 60-69   

               

 « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »

Oui, comment être surpris par les réactions des auditeurs de Jésus, alors que ce qu’il affirme de lui ne peut que leur paraître incompréhensible, voire même scandaleux : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » – « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. »

Ces paroles, aujourd’hui, ne sont pas moins choquantes pour ceux qui n’ont pas la foi… et, reconnaissons-le, difficilement assimilables même pour nous les croyants.

En fait, ce ne sont pas seulement les paroles de Jésus qui peuvent choquer nos sensibilités et aller à l’encontre de nos schémas culturels, mais bon nombre de textes bibliques. Il suffit de revenir à la seconde lecture où Saint Paul, s’adressant aux chrétiens d’Éphèse, disait : « Puisque l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari. » Je me souviens de cette scène rapportée par un témoin où deux femmes, au moment où ce même verset de St Paul était proclamé au cours d’une messe, étaient sorties bruyamment de l’église pour manifester leur désaccord.

Oui, Il faut bien le reconnaître, si la doctrine morale de l’Église par rapport à l’indissolubilité du mariage, à l’interdit de l’avortement, etc… est quasi inaudible pour une grande majorité de nos contemporains, les paroles du Christ, qui nous invitent à manger sa chair et à boire son sang, le sont bien davantage.

Ce n’est que dans la foi, et par la foi, que nous pouvons entendre et faire nôtres les paroles de Jésus entendues dans les Évangiles, et qui vont à l’encontre de nos sensibilités, telles les Béatitudes : « Heureux les pauvres ! Heureux ceux qui pleurent ! Heureux les persécutés !… » Ce monde à l’envers que Marie chante dans son Magnificat. Chant tellement subversif au regard des critères et schémas de pensée du monde que Charles Maurras le qualifiait de “venin”.

Voilà pourquoiJésus nous avertit : « C’est l’esprit qui fait vivre. La chair n’est capable de rien. ». « La chair », c’est-à-dire l’être humain livré à ses seules capacités. 

Nous pouvons alors reprendre à notre compte le cri du cœur de l’Apôtre Pierre lorsque Jésus dit aux douze : « Voulez-vous partir vous aussi ? » : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » Et Pierre d’ajouter : « Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

En bonne logique, il conviendrait d’inverser les deux verbes de cette phrase dite par Pierre : « Quant à nous, nous savons et nous croyons. » Ne faut-il pas plutôt d’abord « savoir », c’est-à-dire connaître, avant de croire ? Selon notre logique humaine, oui ! Mais, dans notre relation avec Dieu, il ne nous est pas demandé de « comprendre », mais de « croire », c’est-à-dire de faire confiance à Celui qui, comme le confesse l’Apôtre Pierre, « a les paroles de la vie éternelle. » : Jésus, « Dieu-avec-nous, Dieu-pour-nous », qui est venu partager notre existence de peines et de larmes, pour nous conduire au Père : « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie. » 

J’aimerais ajouter que notre foi, en tant que confiance absolue en Jésus, quoi qu’il arrive, n’est pas une assurance tout risque, comme certains ouvrages ou prédications le laissent entendre. Jésus n’a d’ailleurs jamais promis à ses disciples qu’ils échapperaient aux épreuves de l’existence, bien au contraire ! puisque, comme disciples, notre foi nous met en contradiction avec le monde : « Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage, j’ai vaincu le monde. »

Ce n’est certes pas Dieu qui nous inflige des épreuves (il ne serait alors qu’un père sadique). Mais demeurer fidèle au Christ Jésus et à son Évangile d’amour, nous place inévitablement en opposition à l’esprit du monde, comme il en a été pour le Christ Jésus lui-même.

Néanmoins, nous savons que le Seigneur est fidèle, et qu’Il ne peut décevoir ceux qui lui font confiance, malgré leur inconstance et leur fragilité. Alors ne cessons pas de demeurer en relation d’amour avec Lui par la prière et en nous nourrissant du Pain de sa Parole et de son Eucharistie.

  Homélie de Fr Jean-Marc

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