Homélie pour le 10e dimanche ordinaire année B par Père Jean-Marc

Première lecture : Gn 3, 9-15 Deuxième lecture : 2 Co 4, 13 – 5, 1 Évangile : Mc 3, 20-35

« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. » Cette célèbre réplique de la servante Martine, dans “Les Femmes savantes” de Molière, convient parfaitement à la situation.

Pauvre Jésus !… Rien ne lui fut épargné. Son entourage le traite de fou, et l’élite religieuse de Jérusalem, de suppôt de Satan. Tous les moyens sont bons pour le disqualifier et, à terme, l’éliminer.

C’est vrai que, par son comportement qui, si souvent, a transgressé les tabous sociaux et religieux Jésus ne peut que choquer les bien-pensants ; et, par sa parole qui débusque et dénonce tous nos faux semblants et nos hypocrisies, il provoque en retour la violence et la haine. Il en mourra d’ailleurs !… Mais Jésus n’a jamais cherché à scandaliser. La seule chose qui importe pour lui c’est de proclamer “la Vérité”.

Mais pour reprendre ici les mots de Pilate lors du procès de Jésus : « Qu’est-ce que la vérité ? » Voilà bien la question fondamentale qui nous concerne tous.

Ne nous y trompons pas ! La vérité n’est pas une idée, un principe, ou une norme morale, mais une personne, Jésus, qui non seulement est témoin de la Vérité de Dieu, mais est lui-même la Vérité en personne. Dieu avec nous ! Dieu pour nous !… Il l’affirme : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne va au Père que par moi. »

C’est donc par rapport à lui, Jésus le Seigneur, que chacun de nous, comme toute personne, croyante on non, doit ou devra prendre position, et sera jugé. Mais, rendons grâce à Dieu ! Jésus nous livre en cet Évangile une parole infiniment libératrice : « Amen, je vous le dis, tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. »

Tout sera pardonné ! puisque Jésus n’est venu partager notre existence humaine que pour cela : nous révéler l’Amour de Dieu qui n’est que miséricorde infinie et pardon… et qu’il a pris sur lui, en mourant sur la croix, tous les péchés du monde.

Tout sera pardonné ! car la plupart du temps nous n’avons pas conscience du mal que nous commettons, des blessures que nous infligeons aux autres par notre égoïsme, notre violence, nos paroles blessantes – mais que lors du grand et définitif jugement de Dieu nous découvrirons dans toute leur virulence et leur nocivité.

Tout sera pardonné !… mais on ne se moque pas de Dieu et surtout on ne peut jouer au plus fin avec lui. Ce qui signifie que si la miséricorde de Dieu est sans limite et qu’Il pardonne tous les péchés et les crimes que peuvent commettre les hommes, Il ne peut transiger avec le mensonge, puisqu’il est “La Vérité”. Le mensonge, quel qu’il soit, nous enferme dans notre vérité personnelle en excluant celle des autres et celle de Dieu.

Nous sommes là au cœur de l’action maléfique de Satan, “le diviseur”, « menteur dès l’origine » comme nous le dit Jésus, qui en faussant notre jugement, comme il le fit pour Adam et Eve, sape à la base tout fondement stable de la Vérité, et suscite la division entre les hommes.

Mais, si le Satan est actif dans le monde, il n’a d’autre pouvoir que celui que Dieu veut bien lui concéder pour un temps dans son dessein éternel de salut. “L’homme fort“, ce n’est pas Satan mais Jésus le Seigneur, qui a reçu du Père tout pouvoir au ciel et sur la terre pour nous arracher à l’emprise de l’esprit du mal.

La volonté de Dieu c’est donc que nous remettions au Christ Jésus notre existence entière, avec nos désirs, nos pensées et nos actes, afin que par son Esprit de sainteté Il nous conduise à la Vérité tout entière. Cette Vérité qu’il est lui-même et hors de laquelle il ne peut y avoir de justice et de paix.

Puisse donc le Dieu-Amour qui mène l’Histoire et nos existences humaines nous accorder la grâce de demeurer sous le souffle de son Esprit, et qu’ainsi tout concourt à notre bien… même les épreuves, même nos péchés !

C’est en cherchant à vivre de plus en plus dans la vérité de l’Amour que nous pourrons être non seulement les disciples de Jésus, mais avoir la joie surabondante et définitive d’être pour Lui (comme il l’affirme lui-même), «un frère, une sœur, une mère. »


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