Homélie pour la Solennité de Marie, Mère de Dieu : mardi 1er janvier 2019

N-D d’Acey, mardi 1er janvier 2019

Solennité de Marie, Mère de Dieu – 2019

Nombres 6, 22-27            Galates 4, 4-7           Luc 2, 16-21                        Homélie de P. Jean-Marc

 

Qu’a donc d’étonnant ce nouveau-né sur qui veillent Marie et Joseph ?… Rien ne le distingue de tout autre nouveau-né, sinon une mangeoire d’animaux en guise de berceau. Mais à l’époque de Jésus, et aujourd’hui peut-être plus encore, ils sont, hélas, multitude ces bébés qui naissent dans des conditions encore plus précaires. N’a-t-on pas trouvé dans une de nos grandes villes, lors d’un récent Noël, une petite fille dans une poubelle !

Alors, qu’a donc d’étonnant l’enfant né de Marie ?… Qu’est-ce qui a bien pu transformer à ce point les bergers pour qu’ils repartent tout joyeux, glorifiant et louant Dieu et provoquant l’étonnement général pour ce qu’ils avaient entendu et vu ?

Ces bergers ne sont certes pas des savants. Ils ignorent tout des Écritures et de la science des élites religieuses de leur temps. Mais, comme beaucoup de pauvres et de petits, privés de tout savoir et de tout pouvoir, ils ont le cœur assez libre et disponible pour accueillir l’inédit de Dieu manifesté en Jésus-enfant, et à devenir eux-mêmes les messagers de cette Bonne nouvelle, qui sera grande joie pour tout le peuple : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur. »

D’ailleurs, devant ce Tout-petit dans les bras de Marie, ce ne sont pas les grandes réflexions et les discours qui importent. On ne peut que faire silence et, amoureusement, contempler.

C’est bien cela, me semble-t-il que les bergers ont vécu. À l’annonce de l’ange ils se sont hâtés, ils ont vu… et ils ont été saisis par le seul rayonnement de Jésus-enfant. Ils ont alors compris, oh non pas intellectuellement mais au plus intime de leur être, le mystère bouleversant et libérateur de cette naissance. Ne peut-on alors penser qu’ils ont vécu là une expérience semblable à celle des trois apôtres, qui des années plus tard, sur le Thabor, furent les témoins privilégiés et bouleversés de Jésus transfiguré, totalement revêtu de la gloire divine ?…

Mais si les bergers, en présence de l’enfant, ont été à ce point saisis et illuminés, que dire alors de ce que fut l’expérience de Marie qui, non seulement, le porta neuf mois en son sein et le mit au monde, mais vécut de nombreuses années en son intimité ?…

Car le nouveau-né que Marie présente aux bergers est « lumière » puisque, selon les mots de notre Credo, il rayonne la beauté même du Dieu invisible : « Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu »  Et saint Jean-le-théologien, dans le Prologue de son évangile, ajoute cette affirmation décisive : « Le Verbe est la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » Et encore : « Tous nous avons part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ; car la loi fut donnée par Moïse ; la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. »

Ce que saint Paul, comme en écho, reprendra dans sa lettre aux Galates (2ème lecture) : «  Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi pour que nous soyons adoptés comme fils. » (Gal 4, 4-5)

Ce qu’il nous faut entendre ici c’est que notre Dieu n’attend pas de nous que nous soyons “soumis à la Loi”, c’est-à-dire des exécutants scrupuleux de normes religieuses – aussi saintes fussent-elles – mais que nous agissions “comme fils” en répondant à l’invitation qu’il ne cesse de nous adresser, mais que nous avons tant de mal à entendre et à prendre au sérieux. Invitation à nous laisser aimer par lui, et à y trouver notre nourriture quotidienne et notre joie.

C’est ce passage de “la loi à la grâce” que le Christ est venu nous apprendre sous la mouvance de son Esprit Saint : « Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu. » (Gal 4, 6-7)

Comme Marie, nous sommes invités à demeurer dans l’Amour du Père et à y trouver notre joie en y répondant par une libre et joyeuse disponibilité. Car chacun, dans sa singularité (« Tu es unique ») est aimé par Dieu. Chacun est “son” enfant, quels que soient ses échecs, ses défaillances, ses refus.

Au seuil de cette nouvelle année, puisse cette conviction nous habiter vraiment afin de nous donner accès à la véritable liberté de l’amour, et nous permettre d’assumer joyeusement nos tâches et nos responsabilités.

 

* * *


Publié le

dans