Abbaye d’Acey, vendredi 18 janvier 2019
Messe d’ouverture de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens
Hébreux 4, 1-5.11 Marc 2, 1-12 Homélie de P. Jean-Marc
Pour cette journée qui ouvre la grande semaine de prière pour l’unité des chrétiens, on choisit habituellement pour la messe des lectures adaptées. Mais aujourd’hui, il m’a semblé que les lectures prévues pour le vendredi de la 1ère semaine du Temps ordinaire pouvaient tout à fait convenir.
L’évangéliste saint Marc, au chapitre 2, nous relate l’épisode célèbre du paralysé que l’on introduit par le toit dans la maison où Jésus se tient.
Quatre hommes portent cet homme étendu sur un brancard. Voilà bien le seul épisode évangélique mettant en scène un groupe d’hommes pour solliciter de Jésus une guérison.
Et la démarche de ces quatre hommes n’a rien de banal puisque, à l’encontre du comportement de gens dits normaux, ils accomplissent une démarche “insensée” : faire passer l’homme par le toit de la maison !
Folie de la compassion pour l’homme paralysé, qui permet à ces quatre porteurs de surmonter tous les obstacles. Mais davantage encore folie de la foi qui transgresse toutes les prudences humaines.
Ce qui semblait n’être qu’un simple service fraternel pour venir en aide à un souffrant incapable de se déplacer lui-même, est en fait une véritable démarche de foi envers Jésus, comme le souligne notre Évangile : « Voyant leur foi, Jésus dit… » Oui, audace de la confiance envers Jésus dont bénéficie le paralysé et qui lui permet, malgré tous les obstacles, de parvenir jusqu’à Jésus et d’obtenir de lui la guérison. Et pour ce faire, pas un mot échangé entre les 4 porteurs et Jésus, comme entre le paralysé et Jésus. Comme si seul l’agir de la foi importait.
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Ce récit si connu me paraît être une belle parabole pour stimuler notre zèle pour l’unité de l’Église, Corps du Christ. Ce Corps, nous en sommes les membres, comme Saint Paul ne cesse de le dire. Mais, malgré sa dignité, n’est-il pas aussi semblable au paralysé de l’Évangile que nos égoïsmes, nos mésententes, nos rivalités et nos ruptures paralysent, Corps désarticulé, corps malade de nos divisions ?
Voilà pourquoi, au cours de cette grande semaine de prière nous ne pouvons que confesser tout ce qui, dans nos comportements et nos paroles, blesse et défigure l’unité du Corps du Christ, tout ce qui le crucifie encore aujourd’hui.
Mais, bien que semblables au paralysé, de par notre solidarité dans le péché, nous pouvons aussi nous considérer comme semblables aux 4 porteurs du brancard.
Oui, par notre foi active et notre prière, nous pouvons prendre en charge le paralysé et l’introduire auprès de Jésus pour qu’il soit pardonné et délivré de son mal. C’est bien de cela qu’il s’agit lorsque, avec tous les baptisés qui souffrent du scandale de la désunion des chrétiens, nous prions pour l’Unité de l’Église. Nous implorons du Seigneur sa miséricorde afin qu’il délivre son Église de toutes les forces de division qui la défigurent et de tous les maux qui la paralysent et atrophient ses capacités à témoigner de l’amour de Dieu.
Et il y a urgence !… Car lorsqu’un homme gît paralysé, l’aide ne peut être reportée. //