N‑D d’Acey, dimanche 28 mai 2017
Eucharistie du 7ème Dimanche de Pâques – A 2017
Actes 1, 15… 26 I Jean 4, 11-16 Jean 17, 11b-19 Homélie de P. Jean-Marc
Il faut bien le reconnaître, l’Évangile qui vient de nous être proclamé est d’une telle densité que nous avons du mal à assimiler les mots entendus et à les faire nôtres.
Nous peinons à suivre l’enchaînement de la pensée et à comprendre ce vocabulaire étrange qui ne correspond guère au langage auquel nous sommes habitués. Jésus évoque “l’heure” : « Père, l’heure est venue. » ; il parle aussi de “gloire” et de “glorification” : « Père glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. » ; ou encore de “vie éternelle” : « la Vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé Jésus-Christ. »
C’est comme si nous étions transportés dans un autre univers !… Et c’est vrai qu’il y a de quoi être dépaysés puisque Jésus (dont nous venons de célébrer l’Ascension) est entré dans le monde de Dieu. Ce monde infiniment mystérieux d’où il est sorti pour venir jusqu’à nous (« Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils Unique »), afin de nous révéler le Père et nous ouvrir un chemin jusqu’à lui : « La Vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé Jésus-Christ. » La connaissance dont il est ici question ici n’est en rien une démarche intellectuelle, mais bien plutôt une expérience qui saisit tout l’être.
En d’autres termes, la plénitude de bonheur à laquelle nous aspirons tous – mais que malheureusement nous cherchons le plus souvent sur des chemins sans issue – nous ne pouvons la goûter qu’en suivant Jésus puisque lui seul peut nous permettre d’accéder jusqu’à la maison du Père, d’entrer dans son intimité et d’y trouver notre repos, selon les mots si connus et si justes de Saint Augustin : Tu nous a faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi.
Dans notre relation avec Dieu, nous ne sommes pas faits pour en rester à un rôle de spectateurs plus ou moins distants. Nous avons au contraire vocation à être immergés dans ce monde nouveau où Jésus, par son Ascension, est entré le premier et pour lequel il nous prépare par son Esprit. D’où l’importance vitale de l’Esprit dans nos vies de chrétiens. C’est Lui, l’Esprit Saint, qui nous introduit dans l’intelligence de la Parole de Dieu ; Lui qui nous enseigne et qui rectifie ce qui est faussé en nous ; Lui qui nous ajuste à la volonté du Seigneur afin que nous devenions des “vivants” et que nos existences lui rendent gloire. Vivants, c’est-à-dire libéré de tout ce qui l’aliène, le replie sur lui-même et fausse sa relation à Dieu et aux autres. Saint Irénée dira : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. Et la gloire de l’homme c’est de persévérer dans le service de Dieu.»
Vous me direz, tout cela est bien beau, mais ces grandes pensées nous dépassent totalement alors que nous sommes confrontés à un quotidien difficile, éprouvant, qui n’invite guère à de profondes méditations.
Mais c’est justement afin de nous permettre de demeurer fermes dans ce quotidien difficile, éprouvant, que le Seigneur Jésus désire tant nous introduire dans la relation d’amour qui l’unit à son Père. Rien de ce que nous sommes et de ce que nous vivons ne leur est indifférent : « Moi, je prie pour ceux que tu m’a donnés, car ils sont à toi. ».
Oui Jésus monté auprès de son Père, qui est aussi “notre Père”, ne nous abandonne. Il nous donne sa parole vivifiante et sa présence sanctifiante.. Et son Esprit devient notre Paraclet, notre Avocat, notre Défenseur.
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