Homélie pour la Solennité de la Pentecôte 2017 – A par Dom Jean-Marc

Abbaye d’Acey, 4 juin 2017 – année A             

 

Solennité de la Pentecôte 2017 – A

Actes 2, 1-11               I Corinthiens 12, 3… 13           Jean 20, 19-23                         Homélie de P. Jean-Marc

 

Comment nous représenter l’Esprit-Saint ?… A parcourir la Bible les images ne manquent pas : feu, souffle, eau vive, colombe !… Mais ce ne sont que des symboles, et non pas l’Esprit qui lui est insaisissable et échappe à toute représentation. Jésus lui-même le dit à Nicodème : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3, 8) Oui, comme avec le vent, nous percevons certains effets de la présence de l’Esprit, mais nous ne pouvons voir l’Esprit, encore moins le saisir.

Dans le récit des Actes des Apôtres que nous avions en première lecture et qui nous relatait la première Pentecôte, il était question de bruit venu du ciel comme un violent coup de vent, et de langues de feu qui se partageaient et se posaient sur chacun des disciples présents.

Mais ces signes, qui manifestent une présence, ne sont que des signes. L’Esprit n’est ni dans le bruit, ni dans le feu. Il ne s’entend pas et ne se voit pas. Encore une fois, ce n’est qu’aux fruits de son action que nous pouvons reconnaître sa présence.

Ainsi, dans la première lecture, des hommes isolés du fait du particularisme de leur culture et de leur langue parviennent à s’entendre, à se comprendre, et à proclamer, ensemble, les merveilles de Dieu..

Dans la seconde lecture, Saint Paul prenait la comparaison du corps qui, bien que formé de plusieurs membres, ne fait qu’un. Alors que les tendances égoïstes, centrifuges, provoquent l’éclatement, les oppositions, les rivalités, Et Paul d’appliquer cette image à la communauté des croyants. « C’est dans un unique Esprit que tous nous avons été baptisés pour former un seull corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. » De nos différences, de notre diversité, si souvent causes d’opposition et de conflits, l’Esprit, si nous le laissons faire, construit l’unité,

On peut alors affirmer que chaque fois que l’on perçoit la joie, l’unité, la paix, des démarches de réconciliation, nous avons là les signes irréfutables de la présence et de l’action de l’Esprit Saint.

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Frères et Sœurs, parler de l’Esprit Saint, le reconnaître dans nos existences, le laisser animer nos vies, n’est pas quelque chose de facultatif, un plus pour gens zélés ou pour chrétiens enthousiastes. Sans l’Esprit Saint, tout ce que nous vivons devient insipide et pesant.

Comme l’exprimait un évêque oriental : « Sans lui (l’Esprit), Dieu est loin, le Christ est dans le passé, l’Evangile est une lettre morte, L’Eglise une simple organisation, l’autorité une domination, la mission de la propagande, le culte une évocation et l’agir chrétien une morale d’esclaves. »

Laissons-nous donc conduire par l’Esprit. C’est lui qui nous fera accomplir ce qui dépasse nos capacités. C’est lui qui nous permettra de demeurer fidèles (alors que nous avons tant de mal à tenir les résolutions que nous prenons), car il est notre Maître intérieur, notre vie, notre guide.

C’est lui, l’Esprit, qui fait de nous des pierres vivantes pour édifier l’Église, c’est-à-dire pour témoigner de Jésus et de son Évangile. Nous le savons bien, nous chrétiens nous n’avons pas tous la même vision de la réalité ecclésiale. Bien souvent nos perspectives personnelles, notre tempérament, notre façon de vivre et de ressentir le mystère sont non seulement différents, mais même opposés.

Et pourtant le Seigneur attend de nous que nous soyons les uns avec les autres des membres actifs de son corps qui est l’Église : « Tous nous avons été baptisés pour former un seul corps ». Chacun a une note particulière à donner, une mission propre à réaliser. L’Esprit seul peut nous y disposer et nous donner de vivre en Église en nous convertissant à Jésus, en osant vivre une plus grande ouverture, une plus grande disponibilité à son Esprit.

Alors ne cessons pas de demander au Père, par Jésus, ce don de l’Esprit. Demandons-le aussi les uns pour les autres.

« Si vous, tout imparfaits que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. » (Luc 11,13)

 

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