La vie cistercienne à Acey

Fr. Albéric présente la vie cistercienne à Acey dans une série de 8 articles parus dans La Voix du Jura (été 2006).

A la découverte des moines
Connaître le cœur d’un moine
Racines jurassiennes de l’Abbaye d’Acey
Maison de Dieu, maison de prière
« École » et « atelier » d’art spirituel
Assomption de Marie
Vie fraternelle
L’hôtellerie monastique d’Acey

A la découverte des moines

Au cours des vacances d’été plusieurs de nos lecteurs choisiront de se rendre à Acey, ils y rencontreront d’ailleurs des visiteurs venus parfois de très loin.

La démarche est visiblement assez différente selon les personnes : quelques-uns un guide à la main, semblent polarisés par les pierres, l’architecture ou les vitraux. De fait, l’architecture est sobre et légère, bien marquée par le génie des constructeurs cisterciens; les vitraux récents, d’une même austère sobriété laisse jouer librement la belle lumière naturelle sur les piliers, les murs et même le sol. En ce cadre de paix plusieurs se donnent le temps d’écouter le mystère qui monte de leur cœur dans ce lieu de silence et d’harmonie. Mystère de l’au-delà qu’ils nomment Créateur, et s’ils sont chrétiens, Père et Fils dans l’Esprit-Saint. Heureux qui repart dans le désir d’une nouvelle rencontre.

Certains visiteurs s’approchent plus lentement de l’église : ils prêtent attention à une ferme ancienne, visiblement aménagée pour y accueillir des groupes de jeunes comme le font la plupart des monastères; puis, ils découvrent l’imposante façade : sur la gauche, l’habitation des moines, sur la droite l’hôtellerie monastique qui accueille à longueur de mois des retraitants qui viennent chercher lumière et paix auprès du Seigneur, proche de la communauté monastique.

Quelques autres visiteurs s’étaient arrêtés, eux à quelque distance, devant un panneau énigmatique  » Electrolyse Abbaye « . Une usine de traitements de surface de pièces métalliques, quel peut bien être son lien avec la vie monastique ? Ils se rappellent alors que les moines ont toujours été soucieux de trouver un gagne-pain qui leur assure subsistance et indépendance. A Acey, ce fût longtemps l’agriculture et l’élevage.

« Dis-maman, c’est ça un moine ? » On est à la porterie, l’enfant pointe le doigt vers le « monsieur » en blanc et noir qui l’accueille. Un instant après montrant le frère sur sa tondeuse à gazon, et ce « monsieur » en bleu de travail, c’est aussi un moine ? et une troisième fois, entré dans l’église avec sa mère, il chuchote « et lui, tout en blanc, c’est un moine ? » Oui, mon Petit, répond la maman, tu comprendras mieux plus tard.

Connaître le cœur d’un moine

C’est un art complexe que de comprendre une personne, – donc aussi un moine – en discernant les valeurs qui lui sont chères, les motivations qui le dynamisent, ses raisons de parler ou de se taire, ses exigences ou son ouverture étonnante à d’autres perspectives. Le moine chrétien s’engage à suivre Jésus-Christ au delà de toute référence liée à sa famille à son éducation à ses relations sociales…

Plusieurs styles de vie sont possibles pour vivre en moine. Les fondateurs de Cîteaux en 1098 ont fait des choix radicaux qui marquent aujourd’hui encore la vie à l’abbaye d’Acey : une certaine solitude, une vie en ambiance de silence mais franchement communautaire à la différence des ermites, par exemple ceux du Val St Jean tout proche de l’abbaye lors de sa fondation, une vie liturgique d’une grande sobriété par rapport aux ornements, au mobilier, aux rites… dans une église volontairement très dépouillée, enfin une vie de travail manuel relativement astreignant…

Parallèlement à l’intérieur de chaque communauté de nombreuses différences entre les frères. Concrètement pour Acey au cours des cent dernières années, il s’est trouvé un frère fort engagé dans les recherches historiques sur les origines de Cîteaux, un frère capable de diriger le moulin, un autre créant un troupeau top niveau et son étable aux poutres de 22 mètres, un quatrième capable de diriger la construction de l’hôtellerie et de la turbine … Plusieurs frères demeuraient davantage caché dans la communauté.

Tous partageaient les mêmes valeurs essentielles : amour de Dieu et du prochain se traduisant d’une façon cistercienne : une certaine distance du monde contemporain tout en ayant des liens très forts avec tous. Un souci de prière personnelle et liturgique alimenté par la lecture de la Parole de Dieu (lectio divina) et un égal souci de partage fraternel des joies et des peines.

Un enfant participait aux obsèques de son grand-oncle, Père Augustin, en décembre 2003. Une rose à la main, il était passionné par le spectacle du moine âgé dont on déposait délicatement le corps au fond de la tombe. Le frère infirmier ayant recouvert le visage du défunt chacun des participants déposa sur lui sa rose.

L’enfant se posa-t-il une question comme :  » mon grand-oncle Augustin n’est-ce pas maintenant qu’il est vraiment moine ?  » Un jour, nous saurons s’il se posait cette question : les moines croient en Celui qui avait appelé le jeune Augustin et qui l’accueillait dans la joie de sa Présence pour toujours.

Racines jurassiennes de l’Abbaye d’Acey

Les rudes terres du Haut-Jura ont vu fleurir très tôt la vie monastique dans des ermitages puis, dans les monastères fondés vers 450 par les « Pères du Jura » : Romain, Lupicin et leur sœur Yola, sur le lieu qui deviendra la ville de Saint-Claude.

Au XII° siècles quelques chartreuses s’y établirent puis des moines blancs.

Aux origines d’Acey, deux hommes jouèrent un rôle important : le Comte Renaud III de Bourgogne et l’Archevêque Anséric de Besançon.

Notre charte de fondation a conservé des noms moins prestigieux mais combien précieux : Adeline d’Ougney, Hugues de Montmirey, Guy de Pagney, Ermengarde de Thervay, Gérard d’Ougney… Dodo de Faramanz (Arbois) et Ulrich de Salins…

Leurs donations, parfois modestes, permirent de constituer un domaine sur les rives de l’Ognon, en un lieu dit Acey, que le clerc Thierry  » offrit à Dieu, à Sainte Marie et à l’Abbé de Cherlieu « , également sur l’Ognon. De là, vinrent les moines fondateurs vers 1136. Quelques ermites quittèrent le Val Saint-Jean tout proche, pour rejoindre les moines blancs. D’autres hommes, sensibles à la façon de vivre des cisterciens, les rejoignirent. Leur lieu d’origine : Brans, Auxange … a été conservé pour plusieurs; d’autres vinrent du reste de la Franche-Comté et d’ailleurs.

Les siècles s’écoulèrent, fastes avec la fondation de Pilis en Hongrie en 1186, ou marqués de rudes épreuves, des guerres qui ravagèrent toute la région. La Révolution survint qui chassa les moines, mais respecta les pierres. Un pensionnat s’installa à Acey dont l’aumônier fut l’abbé Danne de Château-Chalon, mort en 1836, fort estimé et inhumé dans notre cimetière. C’est grâce à l’insistance et aux dons de Monseigneur Nogret, évêque de Saint-Claude, que fut possible le retour définitif des moines en 1873.

Ses successeurs se montrèrent amis de l’Abbaye, ainsi que les prêtres et les laïcs dont la sympathie permit de surmonter l’extrême pauvreté des recommencements. Qu’on nous permette de ne citer qu’un nom, celui de madame Ménans, de Montrambert.

La guerre 14-18 et la grippe espagnole réduisirent les effectifs de la communauté. Cependant quelques vocations venaient continuer l’aventure : Frère Marie Joseph Lorain, fondateur de la Croix du Jura, F. Louis, de Vannoz, F. Joseph, de Lamoura, P. Raphaël, de Dole… une dizaine de jurassiens reposent en notre cimetière.

L’Esprit de Dieu inspira des vocations au fil des années, en Franche-Comté, Bourgogne et région de l’Est, et également, dans les régions Rhône-Alpes, Bretagne, Savoie… et en d’autres lieux de France.

Comme un arbre planté au bord des eaux, la communauté a déjà produit de beaux fruits ; pourquoi n’en porterait-elle pas encore si les moines sont fidèles à leur mission de chercheurs de Dieu ?

Maison de DIEU, maison de Prière

Si, au visiteur, l’abbaye semble être un vaste complexe d’art cistercien, d’accueil et de travail, rapidement se dégage, de l’ensemble des lieux et des activités, une priorité absolue : ces pierres sont pour la prière, ces hommes sont pour Dieu : il les a appelés, ils ont choisi de répondre à cet appel.

Les moines au choeur

Quand vient le moment de prier une Heure de l’office, chacun quitte ses activités (sauf impossibilité, bien sûr!) ce qui peut être astreignant mais quelle joie de se retrouver ensemble au chœur pour les Vigiles (4 h. 15) pour l’Eucharistie (7 h.) et six fois par jour. « Il faut le faire » nous disent parfois les jeunes ; mais de fortes convictions habitent les moines. Un mystère se joue en nous, profond, au-delà même de ce que nous pouvons en concevoir. L’Eglise nous confie un ministère merveilleux aux yeux de la foi :

Louer le Créateur, notre Père ou plutôt devenir tels qu’en nous Jésus-Christ loue lui-même son Dieu et notre Dieu et, parallèlement, supplier pour le salut du monde entier. La tâche est immense, la tentation peut s’insinuer au cœur du moine : »mais tu perds ton temps! que peut valoir la prière d’un si pauvre homme ? » L’Eglise et l’humanité nous supplient de rester là devant Dieu.

Présence de participants à notre prière

Des siècles durant, les moines étaient pratiquement seuls pour leur prière chorale. Depuis les années 60, des chrétiens participent à l’Eucharistie du dimanche, aux vêpres et les retraitants qui ne manquent jamais à l’hôtellerie.

Hors du choeur, prière du coeur

La prière chorale achevée, le moine bénéficie d’une ambiance de silence et de paix, qui est une des grâces de la vie monastique. La prière du cœur, simple présence à Dieu présent, peut devenir fréquente et même, en un sens, continuelle. Nos anges gardiens témoigneront un Jour de la diversité et de l’intensité de cette relation à Dieu.

Tel frère demeure à l’église, épanchant son coeur devant Dieu comme l’ont fait tant de priants de la bible, ou bien luttant avec Dieu en faveur des grandes causes de Dieu et de l’homme. Tel aime faire un tour de famille, du diocèse, de France ou du monde pour rejoindre toute personne avec qui il a tissé des liens profonds. Un autre frère se rend à l’oratoire des moines, au sous-sol, en absolu silence. Un autre poursuit sa lecture de la bible ou se nourrit de textes spirituels: Pères de l’Eglise, Pères cisterciens et autres auteurs animés du même souffle. Un autre fait un tour du verger ou s’arrête au cimetière auprès d’un ami. Un autre encore cherche auprès de son père spirituel un mot d’apaisement ou d’encouragement car, le combat peut être rude, très rude, en ce lieu de paix.

Mais bien sûr les responsables de la communautés ont aussi des affaires à régler (infirmerie, hôtellerie, etc …) La maison de prière est aussi comme un gymnase où se mêlent prière et souci de la vie fraternelle.

« Ecole » et « atelier » d’art spirituel

Le monastère, lieu de prière, est désigné par saint Benoît comme  » école  » et  » atelier  » où le moine se forme à l’art de servir Dieu.

L’abbé, c’est le formateur patenté de la communauté qui l’a élu pour diriger, enseigner, dynamiser et unifier la communauté. Le lieu traditionnel de son enseignement est le  » chapitre « . Chez nous, l’abbé explique un chapitre de la Règle de saint Benoît trois fois par semaine. Il exerce aussi sa fonction de formateur au cours d’entretiens personnels et à l’occasion des divers événements de communauté.

Aux frères récemment entrés pour se faire moine, le maître des novices propose les éléments de base de la vie cistercienne.

Des sessions intensives sont offertes à tous, par des intervenants extérieurs (religieux, prêtres ou laïcs) qui nous font bénéficier de leurs recherches sur des sujets concernant la vie monastique. Les frères plus jeunes profitent également de rencontres dans l’un ou l’autre des monastères de la région, avec les moines et moniales de diverses congrégations. Là, peuvent se créer des liens précieux d’amitié.

La bibliothèque. Elle est d’une importance vitale en offrant des instruments de culture pour la lecture personnelle et pour la ‘lectio divina’. Il s’agit soit d’ouvrages d’histoire, de sciences diverses, et même de romans, pour connaître le monde contemporain. Les ouvrages les plus nombreux concernent directement la connaissance de notre Dieu : Ecriture Sainte, Pères de l’Eglise, Pères du monachisme, spécialement de Cîteaux, et auteurs animés du même esprit …

La lecture personnelle vise à devenir ‘lectio divina’ (un des instruments essentiels de l’art monastique). C’est une lecture lente, méditée, savoureuse, de la Parole de Dieu, ou d’un texte spirituel profond. Ce peut être aussi la  » lecture  » de toute réalité créée à la lumière de son Créateur : merveilles de la nature, merveilles du cœur de l’homme, merveilles devant tout événement. La lecture s’épanouit ainsi en connaissance aimante et en prière.

Beaucoup d’autres moyens de formation nous sont aussi offerts : des conférenciers nous ouvrent aux grandes causes de l’homme, la presse  » parlant  » également des mêmes grandes causes …

Assomption de Marie : d’une condition modeste à la Gloire en Dieu

Marie, jeune fille de Nazareth, avait reçu par l’ange Gabriel un message qui d’abord la bouleversa, et qui ne cesse d’émerveiller les croyants éveillés en leur foi : le Très-Haut manifestait son désir de se faire le Très-Bas en devenant l’homme Jésus. L’évangile nous montre Marie discrètement présente, auprès de son Fils aux noces de Cana… puis, rose rouge, au pied de l’arbre mort de la croix sur lequel agonise le Sauveur du monde … enfin pour la Pentecôte elle est là accueillant l’Esprit. Après un temps de présence à la jeune Eglise, avec les apôtres, elle fut accueillie dans la gloire de son Fils.

Le message chrétien se répandit peu à peu jusqu’aux extrémités de la planète. Les disciples de Jésus aimèrent Le représenter lui-même en chacun de ses mystères, et très souvent Marie avec son Fils. Ainsi se constitua un patrimoine chrétien d’une étonnante richesse : oratoires, icônes, mosaïques, peintures, vitraux … marqués de la double empreinte du Christ et de Marie.

Au Moyen-Âge, la France se couvrit d’un manteau de cathédrales consacrées à Dieu, bien sûr, et à Marie : Notre Dame de Chartres, de Reims, de Paris … et tant d’autres. Les Cisterciens élevèrent des centaines d’abbayes portant le nom du lieu de leur construction : Notre Dame de Cîteaux, de Clairvaux, de Cherlieu, d’Acey, de Rosières, d’Ounans … L’Assomption est la fête des moines cisterciens, et à Acey, c’est le jour de la plus grande affluence des participants à l’Eucharistie et aux Vêpres.

Quant aux moines d’Acey, quatre d’entre eux ont choisi ce jour pour leur profession monastique. Plusieurs statues, dispersées dans l’abbaye : Vierge au manteau du chapitre, oratoire, cloître, réfectoire, jardin, nous rappellent le lien très fort entre Jésus Notre Seigneur et Marie Notre Dame. Et, c’est à l’église, que Notre Dame d’Acey reçoit le dernier chant de la journée : le « Salve Regina ». Et combien d’autres signes discrets de dévotion envers Marie : chapelet, médaille, statuette, icône, bouquet de fleurs …

Au secret des coeurs, l’ange gardien voit sans doute l’image de Vierges visitées au cours de notre enfance et celui de Vierges au nom nouveau, car en tout lieu où le Christ est connu, sa mère l’est aussi. Ainsi l’amour de Marie élargit nos cœurs jusqu’aux frontières de notre planète, si merveilleuse et si blessée.

 » Ô toi, notre Dame d’Acey et notre Dame de tout lieu,
avec ton Fils, le Seigneur d’Acey et de tout lieu,
remercie et supplie le Dieu de tout être humain :
notre PERE. « 

Vie fraternelle

Pour qui s’intéresse d’un peu près à la vie d’un monastère, il apparaît vite que deux séries d’éléments s’entrecroisent, sans cesse, de multiples façons : les uns sont liés directement à la recherche de Dieu, un certain retrait de la société, un silence pour la prière …, les autres composent les services, relations et exigences de la vie commune.

Certes, tout homme ne s’épanouit que grâce à un environnement social ; pour le chrétien, toute personne de cet environnement est aussi un frère et une sœur parce que enfant de Dieu. Le moine, lui, après une expérience d’au moins cinq années, fait le choix d’une communauté, à l’avenir de laquelle il lie son propre avenir par le vœu de stabilité.

On devine sans peine que la vie entière d’un moine est souvent nécessaire pour accueillir pleinement chacun des frères qu’il n’a pas choisi, pour :
– recevoir tout ce qui peut lui venir de ses frères, d’enseignement d’encouragement, d’exemples, de joie,
– porter, patiemment et en paix, la part encore obscure qui habitera chacun de nous jusqu’à l’entrée dans la pleine lumière,
– enfin se réjouir à plein cœur de tout le bien qui fait déjà la richesse, souvent cachée, de chacun de nous.

Le moine, chercheur de Dieu et homme de communauté, s’exerce à dépenser ses forces pour le bien commun dans une des responsabilités qu’implique la marche d’un monastère : fonction de gouvernement et de formation, services les plus divers, dans un emploi : archives, bibliothèque, cuisine, hôtellerie, infirmerie, porterie, usine …ou dans une commission : économique, liturgique, accueil, solidarité et conseil pastoral de l’abbé.

Ainsi, Père Abbé m’ayant demandé la rédaction de huit petits « devoirs de vacances » sur notre abbaye, frère Benjamin en a assuré la supervision et la dactylographie, frère Philippe les photos et frère Daniel la transmission par internet.

 » Pax « , ce « mot-clé » du vocabulaire bénédictin, rappelle ce souci d’assurer une ambiance de silence pour la prière, et de paix pour la bonne marche de l’ensemble.

Les législateurs de la vie monastique n’ont ni ignoré, ni gommé, les difficultés d’une telle aventure spirituelle. Ils ont invité explicitement leurs moines à vivre de patience les uns envers les autres. Il n’est pas du tout exceptionnel que des anciens, évoquant quarante ou soixante années de vie au monastère, reprennent les paroles du Psalmiste : « Il est bon pour des frères de vivre ensemble » sous le regard du même Seigneur.

La vie fraternelle déborde évidemment très largement la communauté d’Acey : les grands besoins de l’Eglise et de la Société sont souvent rappelés au cours de la prière. Une commission de solidarité et le conseil économique essaient de répondre aux plus urgents des innombrables appels reçus. La condition plus fragile de quelques communautés retient aussi notre attention.

L’hôtellerie monastique d’Acey

« Tous les hôtes qui surviennent au monastère seront reçus comme le Christ ». Ainsi Saint Benoît ouvre-t-il le chapitre 53 de sa Règle consacré à l’accueil des hôtes qui était déjà de tradition chez les premiers moines.

Les façons d’accueillir ont évidemment fort évolué au cours des siècles. Voici, schématiquement notre accueil à Acey, en 2006 :

– quelques passagers pour une nuit (routards, S.D.F…) de moins en moins nombreux.

– groupes de jeunes scolarisés accueillis dans la ferme transformée à cet usage, et quelques autres groupes exceptionnellement : quart-monde, gitans pour une école de la foi…

– l’accueil des retraitants est très typée :

– La communauté a fait le choix d’un nombre restreint de retraitants : 15 personnes. Le frère Hôtelier veille à l’accueil personnalisé de ces personnes qui viennent chercher une ambiance de silence favorable à la réflexion et à la prière. Les retraitants participent volontiers à la prière de la communauté.

– Depuis peu d’années, quelques sessions réservées aux moines et moniales sont organisées pour les chantres, les économes et comptables, les infirmiers, les responsables des noviciats et jeunes moines… Cet accueil permet d’ailleurs d’établir des liens entre communautés qui autrefois se connaissaient très peu.

– L’hôtellerie des familles est ouverte à nos parents, et en plus à des moines et moniales qui participent à des sessions.

La gestion de cet ensemble constitue une charge toujours délicate, souvent assez lourde.

Le Frère Portier accueille les visiteurs qui désirent des renseignements ou quelques souvenirs de l’abbaye. Eventuellement il oriente vers l’hôtellerie ou vers un frère disponible, les personnes qui souhaitent « rencontrer un moine ».

On comprend aisément que l’accueil monastique puisse revêtir cent formes différentes selon les choix de la communauté, ses ressources matérielles, humaines et spirituelles.

Il demeure une constante entre tous ces accueils : chacun se situe entre un appel et un envoi.

L’appel de Jésus à ses disciples : « venez vous reposer un peu »
reviens à la source de ton cœur profond
assieds toi à l’ombre de ton Seigneur, auprès de lui.
L’envoi du Seigneur : »Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ».
Va vers tes frères,
en tes lieux de vie porte mon nom et mon message.


Publié le

dans