Homélie du 22/12/2024, 4e dimanche de l’Avent année C par Père Jean-Marc

Première lecture : Mi 5, 1-4a Deuxième lecture : He 10, 5-10 Évangile : Lc 1, 39-45

Abbaye d’Acey, dimanche 22 décembre 2024

4e dimanche de l’Avent 2024 – Année C

Michée 5, 1-4a                 Hébreux 10, 5-10               Luc 1, 39-45                             Homélie de P. Jean-Marc

Ce merveilleux épisode de la Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth nous est bien connu. Il est, parmi les mystères joyeux que nous prions avec nos chapelets, celui où, me semble-t-il, s’exprime le mieux la joie de Dieu.

J’ai cependant un regret concernant la traduction des premiers mots de ce texte : « Marie se mit en route… ».  Mais dans le texte grec d’origine on lit : « Marie se leva » (« anastasa »). Un verbe qui dans les évangiles est utilisé pour parler de la Résurrection du Seigneur Jésus : « Jésus se lève d’entre les morts », et qui, pour les générations chrétiennes ultérieures, servira à désigner le lieu où le Crucifié a surgi du tombeau. Encore aujourd’hui, toute icône de la Résurrection est dénommée : « L’Anastasie ».

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Marie, fécondée par l’Esprit Saint depuis son consentement au message du Très-Haut, Marie vit déjà du Mystère de la Résurrection, qui ne sera pourtant révélé que lorsque Jésus surgira vainqueur de l’emprise de la mort.

Marie peut donc se rendre avec empressement auprès d’Elisabeth pour célébrer avec elle les merveilles que le Seigneur vient d’accomplir en toutes deux. L’enfant dans le sein d’Elisabeth, alors que sa mère exulte et prophétise, se met à “danser” (« tressaille d’allégresse » est une expression trop faible !) – comme dansait le roi David devant l’Arche de Dieu – pour accueillir Celui qu’un jour sur la rive du Jourdain il reconnaîtra comme « l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. »

Désormais, Marie est ce Buisson ardent qui porte et révèle la Présence même du Dieu trois fois Saint. Présence vivifiante qui, à son contact, renouvelle tout et provoque comme un séisme, dans nos vies blessées et sclérosées, pour que s’y réalise l’œuvre de transfiguration et de glorification à laquelle nous sommes tous appelés.

L’épisode si beau, si simple de cette Visitation de Marie à Elisabeth nous donne ainsi à contempler la rencontre de deux femmes sous la mouvance de l’Esprit, déjà participantes du Monde nouveau transfiguré qui nous sera dévoilé et rendu accessible par la Résurrection du Christ Jésus.

Noël, c’est déjà Pâques ! C’est-à-dire, Dieu qui offre son Fils par amour : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils, son Unique. » pour manifester, par le don de la vie de Celui-ci, combien Dieu nous aime et veut nous sauver.

Voilà pourquoi notre deuxième lecture (Hb 10), nous parlant du Christ venant dans le monde, disait avec les mots du Psaume 39 : « Tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m’as formé un corps. » Et encore « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté ».

Noël, c’est cela ! Jésus-Emmanuel, « Dieu avec nous », qui nous montre que pour nous les humains, le seul chemin qui plaise à Dieu, ce n’est pas de faire des tas de sacrifices, mais de nous offrir nous-mêmes par amour, ou, en d’autres termes, de tout vivre dans la confiance et l’action de grâce.

Marie n’a pas vécu autrement : « Voici la servante du Seigneur ! Qu’il me soit fait selon ta parole. » Acceptation toute de simplicité et d’abandon entre les mains de Dieu son Père. Aussi Elisabeth pouvait-elle sous l’impulsion de l’Esprit Saint proclamer : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent de la part du Seigneur. » Si aux origines de l’humanité Eve a douté et désobéi. Marie, la Nouvelle-Eve, a fait confiance et a consenti.

Je le redis, Noël c’est déjà Pâques. Alors que jusqu’ici les hommes cherchaient à force de sacrifices et de mérites à rejoindre Dieu et à se Le concilier, voilà que tout est ici est inversé. C’est Dieu lui-même qui vient à nous, entre dans nos vies, et (pourrait-on dire) en fait les frais puisqu’Il se livre à nous par amour jusqu’à en mourir. Nous ne pouvons donc qu’accueillir, comme Marie, dans la pauvreté du cœur et la louange ce que Dieu désire nous donner en toute gratuité.

« Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. Ne le voyez-vous pas ? »

Monde nouveau où des hommes et des femmes, comme Marie, se lèvent et se mettent en route pour rejoindre leurs frères et sœurs en humanité pour les servir et leur venir en aide.

Monde nouveau où des hommes et des femmes, comme Marie, portent le Christ aux autres plus par leur vie que par leurs paroles.,

Monde nouveau où des hommes et les femmes, comme Marie, font confiance à Dieu envers et contre tout, et ne cessent de Le louer et de Le glorifier.

Ne percevez-vous pas déjà l’Enfant qui tressaille d’allégresse au-dedans de vous ?…

Noël est maintenant tout proche. Heureux celles et ceux qui accueillent cette Bonne-Nouvelle proclamée par l’Église de la part du Seigneur.

* * *


Publié le

dans