Première lecture : Ac 2, 1-11 Deuxième lecture : Ga 5,16-25 Évangile : Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15
“On ne peut donner ce qu’on n’a pas reçu.” Voilà ce que s’efforçait de faire valoir, comme circonstance atténuante, cet avocat qui plaidait en faveur d’un homme qui avait infligé de terribles sévices à ses enfants. Ayant lui-même été torturé par son père, il était incapable de donner l’amour et la tendresse qu’il n’avait jamais reçue.
“On ne peut donner ce qu’on n’a pas reçu.” Ce dicton me paraît éclairant pour comprendre le rôle de l’Esprit Saint dans notre vie de chrétiens.
Pour pouvoir donner, il faut avoir soi-même reçu. Reçu d’un autre l’amour, le savoir, les biens. Mais encore faut-il être capable de les recevoir ! … Tout don proposé n’est pas toujours accueilli. L’accueil du don ne va donc pas sans un travail préalable de réception intérieure, d’appropriation et d’intégration.
À cette lumière, nous pouvons revenir sur le texte de Saint Paul proclamé en seconde lecture. L’Apôtre y opposait les tendances de la chair aux tendances de l’Esprit. Par tendance de la chair, il faut entendre tout ce qui relève de l’instinct et des passions : « Inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, etc… » Par contre, lorsque l’Esprit Saint agit dans le cœur humain, il produit (nous dit encore Saint Paul) : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. »
Nous pouvons ainsi comprendre beaucoup de choses pour notre vie de baptisés, c’est-à-dire de disciples de Jésus-Christ.
Il ne suffit pas d’avoir opté un jour pour le Seigneur, d’avoir voulu orienter notre existence selon les critères évangéliques du bien et de l’amour, pour que tout désormais se passe au mieux. La réalité est plus complexe et laborieuse. Nous sommes sans cesse confrontés à une lutte, à un combat spirituel, car, pour reprendre les mots de Saint Paul : « Les tendances de la chair (notre égo-centrisme) s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. » Oui, nous sommes des êtres divisés, écartelés entre le désir du bien et les séductions du mal. Et le grand Saint Paul va jusqu’à dire dans une autre de ses lettres, en faisant référence à sa propre expérience : « Malheureux que je suis ! Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » (Rm 7, 19)
Ce qui est ainsi évoqué, chacun de nous le connaît et ne cesse d’en faire la douloureuse expérience. Nous aspirons à aimer, et nous y arrivons si mal ! Car la jalousie, l’agressivité, le mensonge, la volonté de domination ou le désir de jouissance viennent tout fausser en nous-mêmes et dans notre relation aux autres. Alors, que faire ? … Écoutons encore, Saint Paul : « Vivez sous la conduite de l’Esprit Saint ; et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. »
En d’autres termes, ne cherchons pas à réaliser par nous-même notre vie chrétienne. Livrés à notre seule bonne volonté et à nos capacités nous ne pourrons aller bien loin. Nous ne parviendrons pas à aimer, prier, nous mettre au service des autres, être des hommes et des femmes de justice et de miséricorde… Laissons-nous donc saisir et conduire par l’Esprit du Christ, plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. Lui seul peut renouveler notre mentalité, notre cœur, et ainsi, en nous arrachant à l’emprise du mal, nous faire adhérer à la Volonté du Seigneur et nous donner la force de persévérer. Voilà la conversion fondamentale à laquelle nous sommes tous appelés.
Le Seigneur Jésus, lui-même, en passant de ce monde à son Père nous en a fait la promesse : « Je ne vous laisserai pas orphelin. Je vous enverrai d’auprès du Père, le Défenseur, l’Esprit de vérité qui procède du Père. Il vous guidera vers la vérité tout entière. Il vous fera comprendre tout ce que je vous ai dit. » En mourant sur la croix Jésus a pleinement accompli ce qu’il avait promis. De son côté transpercé a jailli une source d’eau vive. Eau vive de l’Esprit qui, désormais, se répand avec surabondance sur tous ceux et celles qui croient au Christ Jésus Sauveur et lui font confiance.
À cause de cet Amour qui nous désire, et nous recrée, faisons de notre vie, une offrande. Qu’au travers de tout ce que nous vivons, nous rendions témoignage à Dieu dans l’action de grâce et la reconnaissance.
J’aimerais ici vous partager le précieux conseil recueilli, voici bien longtemps, qui m’a beaucoup soutenu et stimulé : « Faire silence chaque jour, ne serait-ce que quelques instants, pour invoquer l’Esprit Saint et lui exprimer notre disponibilité. » Je ne peux que vous inviter à en faire autant !
“On ne peut donner ce qu’on n’a pas reçu.” Certes ! mais puisque nous avons tout reçu, grâce sur grâce, donnons en retour et surtout donnons-nous ! Habités par l’Esprit du Seigneur, nous pourrons alors répandre autour de nous, sa joie, sa confiance et sa paix.