Homélie du 6ème Dimanche de Pâques – C – 2019 par Dom Jean-Marc

N‑D d’Acey,  dimanche 26 mai 2019                                                    

Homélie du 6ème Dimanche de Pâques – C – 2019

Actes 15, 1-2.22-29     Apocalypse 21, 10-14.22-23     Jean 14, 23-29            Homélie de P. Jean-Marc

« Vous avez entendu ce que je vous ai dit. »

Oui, nous avons bien entendu Jésus — du moins je l’espère ! — nous dire à l’instant : « Je m’en vais, et je reviens vers vous. »

Jésus nous parle donc de départ et de retour :

De départ, puisque ayant choisi de donner sa vie par amour pour nous, il a librement subi sa passion jusqu’à la mort et la mort sur la croix.

De retour, puisque, ayant surgi du tombeau au matin de Pâques, il est maintenant vivant pour toujours, et présent sous un autre mode qu’avant sa mort.

Une présence dont rien dorénavant ne peut nous séparer puisque Jésus n’est plus soumis à notre condition humaine souffrante et mortelle. Par sa résurrection et son entrée définitive dans la gloire de Dieu son Père, Jésus est désormais présent à ceux qui croient en lui. Présence sur un mode radicalement autre que celle qu’il avait avec ses disciples durant sa vie mortelle, mais présence infiniment plus réelle, plus profonde et plus intense. Présence dont nous-mêmes aujourd’hui, comme les apôtres en leur temps, nous sommes les bénéficiaires… à condition que nous ayons avec lui une relation vivante, aimante : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. Mon père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui nous nous ferons une demeure. »

Certes, nos mains ne peuvent l’atteindre, nos yeux ne peuvent le voir et nos oreilles l’entendre. Mais il nous est possible d’entrer en communion avec Lui, et de demeurer, quoi qu’il arrive, dans la paix et la joie de sa présence grâce aux multiples médiations qu’il nous offre : la prière, sa Parole lue et méditée dans l’Evangile et les Ecritures sacrées ; l’Eucharistie où il nous partage son Corps et son Sang, les sacrements, la relation aux autres : « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ! »

  Le départ de Jésus vers son Père (que nous célébrerons solennellement le jour de l’Ascension) n’est donc pas une séparation. Elle nous permet, au contraire, d’entrer dans une communion définitive avec nous. Voilà pourquoi il nous affirme : « Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. »  

Car la Résurrection, en affranchissant le Christ Jésus des contraintes et limites de notre condition humaine, lui donne la possibilité d’un mode nouveau de relation avec nous. Une présence à laquelle ni l’usure du temps, ni le cours des événements, ni la mort ne peuvent faire obstacle. Notre communion avec Lui est désormais fondée non sur le sensible et les sentiments éphémères, mais sur l’amour qui ne trompe ni ne déçoit : « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »

Parvenir à cette authentique relation d’amour avec le Christ Jésus qui nous établit, comme lui-même l’a promis, dans la paix et la joie, n’est pas affaire de volonté et d’efforts, mais de l’agir de l’Esprit Saint en nous. L’Esprit dont Jésus nous dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins (…) Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. »

 Voilà pourquoi nous avons tant besoin de recevoir l’Esprit Saint qui est présence active et vivifiante du Ressuscité en nous (ce 6ème dimanche de Pâques nous prépare donc non seulement à l’Ascension, mais aussi à la Pentecôte !). Avons-nous suffisamment conscience que ce n’est que dans l’Esprit Saint — et par lui — que nous pouvons prier, que nous pouvons aimer, que nous pouvons demeurer fidèles aux commandements du Seigneur ?…

Bien sûr, nous avons déjà reçu l’Esprit Saint lors de notre baptême et de notre confirmation. Mais ce Don essentiel, vital, doit se déployer en nous et fructifier tout au long de notre vie. Il nous faut donc cesse le désirer et le demander au Père avec insistance : “Père, au Nom de Jésus, ton Fils bien-aimé, donne-nous ton Esprit Saint !” Une prière qui, si elle vient du plus profond de notre désir, sera toujours exaucée puisque Jésus nous a dit : « Si vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père du Ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent. » (Lc 11, 13)

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