Première lecture : Ex 17, 8-13 Deuxième lecture : 2 Tm 3, 14 – 4, 2 Évangile : Lc 18, 1-8

Exode 17, 8-13     II Timothée 3, 14 à 4, 2     Luc 18, 1-8         

Il est quand même étonnant que pour nous parler de la prière, et donc de notre relation à Dieu, Jésus ait choisi de mettre en scène ce juge cynique et injuste « qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes » !

Comme si Dieu, notre Père, dont Jésus lui-même, à la suite de toutes les Écritures, affirme qu’il est un Dieu juste, au cœur plein de tendresse et de miséricorde, qui écoute le cri des malheureux et n’oublie aucun de ses enfants qui peinent et qui souffrent… comme si Dieu était aveugle à nos situations et sourd à nos cris de détresse.

Il faut pourtant bien reconnaître que pour nous, les croyants, qui si souvent supplions Dieu de nous venir en aide et de prendre en pitié tant de nos frères et sœurs en détresse qui souffrent violence, injustice…  son silence et l’absence de réponse tangible de sa part, sont une redoutable épreuve pour notre foi et notre espérance.

Alors allons-nous entrer en procès avec Dieu ?…

Il est vrai que lorsque nous lisons la Bible, tout particulièrement les prophètes et les psaumes, nous trouvons largement matière pour nourrir nos douloureuses interrogations :

• Pourquoi dors-tu, réveille-toi et écoute les cris de détresse et d’angoisse qui montent de notre monde ?
• Ne vois-tu pas l’égoïsme, l’injustice et la violence dont sont victimes tant d’innocents ?
• Ne sais-tu pas qu’en ce moment des croyants sont condamnés, emprisonnés, torturés pour leurs convictions religieuses, des pauvres sont expropriés de leur terre au profit de riches propriétaires ou de gros groupes financiers, des migrants ne trouvent pas de terre d’accueil ?

Jésus lui-même, qui aujourd’hui nous dit : « Dieu ne ferait-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Bien vite, il leur fera justice. » a lui-même été confronté, lors de sa Passion, au silence de son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?»

Et pourtant, nous savons, nous croyons, que sa prière à lui, Jésus, a été exaucé, que le Père l’a arraché à l’emprise de la mort et l’a ressuscité.

Oui, Frères et Sœurs, c’est en contemplant amoureusement Jésus qui n’a jamais vacillé dans sa confiance envers son Père ; c’est en célébrant cette Eucharistie, où nous proclamons sa mort et sa Résurrection, que nous enracinons notre foi en la puissance de la prière.

Dieu est notre Père, il nous connaît bien mieux que nous nous connaissons nous-mêmes et avant même que nous le Lui demandions, Il sait ce dont nous avons besoin.

Voilà la folie de notre foi, l’affirmation scandaleuse que nous osons tenir contre toutes les évidences contraires ! Oui, malgré son silence et son apparente absence, nous affirmons que Dieu est là présent au cœur de nos vies et des drames humains ; et qu’Il triomphera de toutes les puissances de haine et de mort qui défigurent notre terre.

« Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

Nous voilà au cœur même de la mission universelle de l’Église et de notre mission de baptisés !

Notre première tâche de missionnaires, là où nous vivons, c’est de rayonner par nos paroles – mais surtout par nos comportements – que Dieu est Amour, que Dieu écoute et sauve.

Notre mission, c’est de fonder toutes nos actions dans la prière et de rendre grâce à Dieu pour sa présence et son amour qui nous sauvent du mal et du néant.

Aussi, dans la joyeuse certitude que Dieu, notre Père, nous aime et ne peut nous décevoir, que Jésus, notre Frère, est toujours avec nous, et que l’Esprit Saint est sans cesse à l’œuvre pour renouveler notre monde et nos cœurs, ne cessons pas de rendre grâce, pour nous et pour tous ceux et celles qui ne savent ou ne peuvent le faire.

Que la Foi et l’Espérance, que nous célébrons au cours de cette Messe, fassent de nous des témoins véridiques de l’Amour universel de notre Dieu.

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