Première lecture : 1 S 26, 2.7-9.12-13.22-23 Deuxième lecture : 1 Co 15, 45-49 Évangile : Lc 6, 27-38
7ème dimanche ordinaire 2025 – année C
I Samuel 26, 2… 23 I Corinthiens 15, 45-49 Luc 6, 27-38
Nous voici au cœur de l’Évangile !… Dimanche dernier nous entendions les Béatitudes. Aujourd’hui, Jésus nous appelle à les faire passer dans nos vies afin de les mettre en actes : « Je vous le dis à vous qui m’écoutez : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous calomnient. »
Si un tel comportement permet de reconnaître les vrais disciples du Christ, alors ils ne doivent pas être nombreux ! Car, qui peut prétendre vivre et agir ainsi ?… Reconnaissons que nous sommes souvent bien éloignés d’un tel idéal… nous qui si facilement entretenons des rancunes et avons tant de mal à pardonner.
En tout cas il me semble qu’il n’y a guère de texte dans les Évangiles qui prenne aussi fortement le contre-pied de nos mentalités, de nos comportements, et de tout ce que notre société valorise et encourage. Car, dans ce monde dur et cruel, chacun apprend plutôt, sans état d’âme, à écarter les autres pour se faire une place au soleil.
L’enseignement de Jésus, pour déraisonnable qu’il soit, résiste pourtant. Car, comme il le dit : « Si vous aimez ceux qui vous aiment,
si vous faites du bien à ceux qui vous en font,
si vous prêtez quand vous êtes sûr qu’on vous rendra,
…quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. »
Oui, comment nous prétendre chrétiens si nos jugements et nos comportements ne diffèrent en rien de ce que l’on peut constater dans notre monde si profondément marqué par l’individualisme, l’hédonisme et la satisfaction immédiate des désirs ?
Faut-il donc, pour autant, nous culpabiliser d’être si peu convertis ? Non ! Car si l’Évangile nous présente des exigences qui nous paraissent le plus souvent hors de notre portée, ce n’est pas pour nous écraser, mais bien plutôt pour nous inviter à aller de l’avant en nous mettant à l’école du Christ. Car lui seul peut nous apprendre à aimer en vérité, lui, Jésus, qui a souhaité du bien à ses ennemis, a pardonné à ses bourreaux, et a pris sur lui le poids de tous nos péchés jusqu’à accepter de mourir sur une croix comme un maudit.
Mais, en fait, que veut dire « Aimer ses ennemis » ? Martin Luther King, qui éprouva jusque dans sa chair, le mépris, la haine, les persécutions, disait qu’il ne pouvait certes pas avoir de la sympathie pour celui qui niait ses droits les plus fondamentaux ou qui cherchait à l’éliminer, mais qu’il devait en tant que disciple de Jésus, non seulement ne pas lui rendre le mal pour le mal, mais lui pardonner et prier pour sa conversion : « Faites du bien à ceux qui vous haïssent, souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous persécutent… »
Aimer ceux qui ne nous aiment pas… ou que nous n’aimons pas, c’est, parfois, risquer une parole, un geste qui montrent que toute relation n’est peut-être pas définitivement rompue, que la haine n’a pas le dernier mot. Nos grands-parents pouvaient-ils imaginer les jumelages de villes allemandes et françaises ? Les noirs et les blancs d’Afrique du Sud pouvaient-ils imaginer que des « rencontres de la vérité et du pardon » succéderaient à la violence de l’apartheid ?
Faisons un pas de plus ! Aimer celui qui me fait du mal, c’est devenir soi-même témoin de qui est notre Dieu, Lui qui, comme le dit Jésus, est bon pour les ingrats et les méchants, ne juge pas, ne condamne pas. Il est le Dieu de tous ceux qui croient en Lui comme ceux qui n’y croient pas ou s’en moquent. En rendant témoignage, par nos existences, de la miséricorde de Dieu, nous pourrons permettre à d’autres de découvrir le vrai visage de Dieu.
Voilà bien notre dignité de baptisés… et notre responsabilité ! Une responsabilité que, malgré toute notre bonne volonté, ne peut que nous paraître impossible. Mais ce qui est impossible, Dieu peut le réaliser en nous par son Esprit, si nous lui faisons confiance et nous rendons disponibles.
Saint Paul, dans la seconde lecture (I Co 15), nous disait que si nous sommes, comme Adam, des êtres de chair et de sang repliés sur eux-mêmes et tiraillés par nos passions, le Christ Jésus, par le pain de sa Parole et de son Eucharistie nous donne part à son Esprit Saint qui est : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi. »
* * *