Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent 2024 – année C par Dom Jean-Marc

Première lecture:Jr 33,14-16 Deuxième lecture:1 Th 3,12 – 4,2 Évangile:Lc 21,25-28.34-36

Abbaye d’Acey, dimanche 1er décembre 2024

1er dimanche de l’Avent 2024 – Année C

Jérémie 33, 14-16        I Thessaloniciens 3, 12 à 4, 2        Luc 21, 25… 36              Homélie de F. Jean-Marc

Les Évangiles, qui fondent et nourrissent notre foi, ne cessent de nous surprendre par leurs paradoxes. Ainsi, aujourd’hui, Jésus annonce de terribles cataclysmes : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. […] Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde. ». Et de suite,sans aucune transition, nous l’entendons nous affirmer : « Quand ces évènements commenceront, redressez-vous, et relevez la tête, car votre rédemption approche. »

Comment est-il donc possible, dans un contexte de bouleversement généralisé – comme celui que nous connaissons actuellement – qui provoque affolement et angoisse, comment est-il possible, non seulement de ne pas se laisser gagner par la panique et la détresse, mais de réagir paisiblement et même avec bonheur ?…  « Quand ces évènements commenceront, redressez-vous, et relevez la tête, car votre délivrance approche. »

La réponse à cette énigme, je la trouve dans les quelques mots où Jésus annonce sa venue : « On verra le Fils de l’homme venir avec puissance et grande gloire. » Ces mots font évidemment référence à son avènement définitif, comme Juge des vivants et des morts, lors de la fin du monde. À ce moment-là, pour reprendre les mots du Livre de l’Apocalypse, le monde ancien, qui est le nôtre, disparaîtra pour laisser place à un monde nouveau de justice, de paix et d’amour où il n’y aura plus place pour le mensonge, la violence, la souffrance et la mort.

Mais, cette promesse de Dieu de faire toute chose nouvelle est tellement difficile pour nous à intégrer, alors que nous sommes sans cesse confrontés aux épreuves et aux tragédies de l’existence, que nous la reportons dans un avenir lointain… si lointain que nous ne nous sentons guère concernés.

Pourtant, l’avènement du Christ Jésus concerne aussi notre vie présente, notre vie de chaque jour, de chaque instant. Certes, Jésus est venu parmi nous en naissant à Bethléhem de la Vierge Marie – avènement extraordinaire que nous célébrerons joyeusement à Noël. Il viendra aussi à la fin des temps dans la gloire, comme il l’a solennellement promis, pour le jugement final de toute l’humanité. Mais il vient aussi aujourd’hui, maintenant, pour nous conduire par son Esprit Saint sur les chemins de l’amour, de la justice et de la paix afin que nous puissions entrer dans la joie de Dieu.

Il importe donc de ne pas manquer le rendez-vous !… Voilà pourquoi Jésus nous donne un mot d’ordre au seuil de ce temps de l’Avent : « Restez éveillés ! » Voilà un beau programme pour nous en ce temps de l’Avent.
 Et c’est la seule manière d’échapper à l’angoisse en ces temps bouleversés que nous connaissons, et d’aller à la rencontre du Seigneur Jésus dans la confiance et la joie.

Oui, dans la confiance et la joie ! Car si Jésus nous appelle à la vigilance ce n’est pas pour faire de nous des gens obsédés par le devoir et paralysés par l’inquiétude. Ainsi nous met-il en garde contre “les soucis de la vie” qui “alourdissent ” le cœur, comme il le dit,  et nous empêchent de faire confiance. Il est d’ailleurs étonnant que ces “soucis de l’existence” (qui peut prétendre y échapper ?) soient mis sur le même plan que « la débauche et l’ivrognerie » ! Ils ne sont pourtant pas du même ordre !… Mais ils peuvent avoir le même résultat : c’est-à-dire, nous enfermer en nous-mêmes au point de ne plus être capables d’accueillir Celui qui vient et qui nous invite à lui remettre tous nos soucis et nos fardeaux.

En nous appelant à demeurer éveillés, Jésus nous donne un moyen sûr : « Priez en tout temps. » Oui, la prière, cette relation amoureuse avec Dieu, est le meilleur antidote à l’oubli et aux soucis trop accaparants. Et la prière, nous pouvons y demeurer quoi que nous fassions et où que nous soyons puisqu’elle est, bien davantage que des formules à réciter, une présence simple et aimante envers Celui qui, Source de tout amour, non seulement est « plus présent à nous-mêmes que nous-mêmes », comme le dit Saint Augustin, et demeure sans cesse au plus intime de nous.

Si notre désir et notre prière sont authentiques ils feront de nous des hommes et des femmes de miséricorde, accueillants à toute personne et toute détresse. St Paul y insistait dans la 2ème lecture, demandant au Seigneur de nous accorder cette grâce : « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant. » En vivant l’accueil mutuel, la miséricorde, le partage, nous serons des semeurs d’espérance et d’authentiques témoins de la présence de Jésus-Christ venant à notre rencontre pour établir son règne de justice et de paix.


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