Homélie de Père Jean-Marc pour le 19e Dimanche du Temps Ordinaire – B – (8 août 2021)

I Rois 19, 4-8         Ephésiens 4, 30 à 5, 2         Jean 6, 41-51                 

C’est la troisième fois, en ces dimanches d’été, qu’il nous est donné d’entendre et de méditer le chapitre 6 de l’Evangile de saint Jean (ce que l’on a l’habitude d’appeler : “Le discours du pain de vie”). Signe que ce qui nous est dit est particulièrement important pour notre foi et donc aussi pour notre vie : vie humaine et vie chrétienne. Car ces deux réalités, que beaucoup ont tendance à opposer, ne peuvent être dissociées.

C’est au cœur de notre existence humaine la plus concrète : notre vie familiale, sociale, professionnelle, culturelle, nos loisirs, que notre Dieu se fait connaître et déploie par son Esprit Saint ses énergies.

Oui, ce que nous venons d’entendre de la part de Jésus, est une affaire vitale : “Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.” Une telle affirmation nous place devant un choix décisif : soit la rejeter comme sans intérêt, ou pire, comme aliénante (comme beaucoup en font le procès au christianisme), soit l’accueillir comme porteuse de vérité et donc de bonheur : auquel cas il vaut la peine d’y adhérer.

Tout au long de la Bible revient sans cesse ce leitmotiv : « Choisis donc la vie ! »  Choix entre la vie et la mort ! Mais un tel choix en est-il vraiment un ?… Tout être humain n’a qu’un désir : être heureux ! Tous les soirs nous chantons d’ailleurs ce verset du psaume 4 : “ Beaucoup demandent : qui nous fera voir le bonheur ?” Oui, qui que nous soyons, nous avons soif de plénitude, d’épanouissement, de fécondité, de reconnaissance familiale et sociale, etc… en un mot : de bonheur.

C’est bien pourquoi ce qui fait obstacle à cette aspiration fondamentale, du fait des événements et des épreuves de l’existence (handicap, maladie, rupture, violence), ne peut qu’être ressenti comme un scandale que plus d’un percevront comme tellement intolérable qu’ils iront jusqu’à vouloir mettre fin à leurs jours, ou au moins désirer la mort comme nous l’avons entendu dans la 1ère lecture à propos du prophète Elie confronté à l’échec et à la persécution : “Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères.”. Et pourtant Elie était le héros intransigeant de Dieu, s’opposant ouvertement aux puissants de ce monde, et se faisant obéir du feu du ciel et des forces de la nature  !

C’est vrai qu’il y a des détresses extrêmes et des situations sans issue qui dépassent les capacités humaines. Aussi ne peut-on juger ceux qui décident ainsi de mettre fin à leurs jours. Mais choisir la mort n’est pas un choix, c’est bien plutôt l’aveu d’une capitulation qui va à l’encontre du dessein de Dieu sur notre humanité, comme sur chacun de nous. Car il est le Dieu de la vie, et Il ne se réjouit pas de la perte des vivants. Et c’est dans cet éclairage qu’il nous faut entendre les paroles de Jésus, l’envoyé du Père : « Je suis le pain de la vie qui est descendu du ciel. – Celui qui mange de ce pain,  vivra éternellement. »

Chacun de nous sait qu’au niveau biologique, faute de nourriture nous sommes condamnés à mourir. De même, et a fortiori, faute d’une alimentation spirituelle nous ne pouvons que dépérir et mourir. En avons-nous suffisamment conscience ?…

Il est donc vital pour chacun de nous, qui nous affirmons croyants, de prendre les moyens de vivifier notre relation au Christ  Jésus. pain vivant.

D’où la chance inouïe que nous avons de pouvoir nous nourrir non seulement de sa Parole, en lisant et méditant les évangiles et l’ensemble les Ecritures saintes, mais encore en ayant accès à la plus formidable invention de son amour : recevoir dans l’Eucharistie son Corps sacré en nourriture.

En tout cela, rien de magique !… Notre relation au Christ est une affaire de foi, c’est-à-dire de confiance radicale : « A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. » disait saint Pierre. A notre tour, disons-lui : A qui irions-nous, Seigneur Jésus ? Tu es le pain vivant descendu du ciel  qui infuses en nous la Vie éternelle pour que nous puissions, comme toi et par ton Esprit aimer en vérité.

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