Eucharistie du 5ème Dimanche de Pâques 2018 – B Homélie de Dom Jean-Marc

N‑D d’Acey,  dimanche 29 avril 2018

 

Eucharistie du 5ème Dimanche de Pâques 2018 – B

 

Actes 9, 26-31              I Jean 3, 18-24             Jean 15, 1-8                               Homélie de P. Jean-Marc

 

 

Le Christ est ressuscité… et nous avec lui ! Oui, déjà nous vivons de sa Vie éternelle, et même si un jour nous passerons tous par la mort, nous savons que nous vivrons pour toujours avec lui dans le Royaume. Voilà, en tant que chrétiens, notre foi et notre espérance !

Mais sont-elles vraiment nôtres  ?… Nous apportent-elles lumière et joie au quotidien de nos existences  ?… Tout autre que les rêves et les espoirs si souvent déçus, l’Espérance ne peut décevoir puisqu’elle est le fruit de l’Esprit Saint qui a été répandu en nos cœurs et qui nous établit dans une confiance inébranlable en Celui qui a promis, le Dieu fidèle et vrai. Ce qu’il a réalisé en son Fils bien aimé Jésus, en le ressuscitant, il le réalisera aussi en nous qui sommes unis au Christ. Et déjà il le réalise !…

C’est dans ce contexte qu’il nous faut entendre l’Evangile de ce dimanche : Jésus lui-même nous affirme qu’il est la vigne, et nous les sarments. Dimanche dernier, il se présentait comme le berger, le vrai, le bon pasteur, en relation profonde, intime avec chacune de ses brebis : « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. » À leur tête, il va jusqu’à livrer sa vie pour elles. Il y a donc un lien très fort entre le berger et les brebis. Mais aussi intime que soit cette relation elle ne peut supprimer la différence de nature qui existe entre le berger et les brebis. Le berger et la brebis peuvent exister indépendamment l’un de l’autre.

Aujourd’hui, Jésus fait appel à une autre image, celle de la vigne : « Je suis la vigne, et vous les sarments. » Ici, plus de distance ni de séparation. Il n’y a qu’un unique organisme puisque la vigne n’existe pas sans le cep et les sarments… et que les sarments, hors du cep ou à l’écart de la vigne, se dessèchent et meurent.

Entre le cep et les sarments existe ainsi une relation vitale qui permet à la sève de circuler. Si les sarments sont taillés c’est pour que la sève circule mieux et favorise une meilleure fécondité de l’ensemble de la vigne. Ainsi en va-t-il de notre relation avec le Christ. De même que le sarment n’est rien et ne peut rien en dehors de la vigne, nous, les disciples du Christ, nous ne pouvons vivre en dehors de Lui.

Mais l’image de la vigne nous dit encore davantage. Jésus n’est pas seulement le cep qui porte les sarments. Il est la vigne dans sa totalité, cep et sarments. Nous sommes ici dans le  même registre qu’avec l’image du corps si fortement mis en lumière par Saint Paul. L’Apôtre nous dit que, dans ce Corps qu’est l’Église, Jésus est la tête et nous les membres, mais qu’il est aussi, lui le Christ, le Corps tout entier, tête et membres. C’est donc en lui et par lui que la vie circule dans tous les sarments comme elle irrigue tout le Corps : « De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurerez pas en moi. »

Voilà ! le mot le plus essentiel de cet Evangile est prononcé : « demeurez » (et il revient à huit reprises) : « Demeurez en moi, comme moi en vous. » Nous avons ici la clef de ce qu’est l’essence de notre vie chrétienne et la source à laquelle elle puise son dynamisme spirituel : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-la donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Une telle déclaration est à bien comprendre. Evidemment, à en rester à un niveau purement humain, on peut parfaitement vivre et agir sans référence au Christ – ce qui est le cas pour l’immense majorité de nos contemporains. Mais quiconque prend au sérieux l’Evangile sait bien que ce que Jésus est venu nous révéler, en nous parlant de son Père et du Royaume des cieux, est d’un autre ordre que ce que la sagesse du monde propose : « À quoi bon gagner le monde entier si  c’est pour perdre son âme ! »  Par la foi nous savons que les réalités invisibles sont infiniment plus réelles que ce que nous percevons par nos sens et par la raison… et surtout qu’elles sont éternelles, alors que ce monde (et tout ce qui le constitue) est en train de passer pour disparaître un jour.

« Demeurez en moi, comme moi en vous. » Oui, demeurons dans le Christ Jésus puisqu’il demeure en nous. Mais pour ce faire nous n’avons pas besoin de nous brancher sur lui puisque nous le sommes déjà par notre baptême. Il s’agit en fait de demeurer en Lui afin que sa vie de Ressuscité circule en nous et entre nous, et qu’ainsi nous soyons des hommes et des femmes porteurs de sa Vie et contagieux de sa sainteté. Notre vocation à la sainteté est quelque chose d’infiniment plus simple que nous n’imaginons : consentir à l’action de l’Esprit (« Consentir c’est être sauvé. » dit St Bernard) et laisser la vie de Dieu (sa sainteté, si vous préférez) se déployer en nous afin de correspondre à la volonté du Seigneur et donner les fruits qu’il attend de nous : « Ce qui fait la gloire de mon père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit. »

Ainsi en va-t-il de notre vie ! Pour être heureuse – et par conséquent féconde et rayonnante – elle doit s’enraciner dans l’Amour du Christ et se laisser guider par son Esprit. Ce que nous sommes incapables de réaliser par nous-mêmes, le Seigneur le réalisera lui-même, non pas malgré nous, mais avec nous, pour nous. Qu’il en soit éternellement béni !

 

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