NOTRE DAME D’ACEY LA BELLE DAME de 888 ANS
Construite au carrefour des routes qui mènent de l’Ouest à l’Est et du Sud Nord, l’Abbaye d’Acey est le vivant symbole de ce que notre vieille Europe porte en elle de plus profond et de plus précieux. Ici, la foi de tant de générations de moines, a lancé vers le ciel ce grand corps de pierre agenouillé dans la lumière du soir.
Vous venez d’en franchir le seuil et déjà son silence vous envahit de sa paix. Dans la grisaille de notre quotidien, cet espace fait brèche comme une trouée vers la transcendance. L’infini affleure tout en restant inaccessible. Une beauté mystérieuse semble y habiter. Une beauté lustrée de son soleil secret qui transfigure même les rides. Une beauté qui échappe à toute analyse et qui ne se discerne qu’avec le Cœur…
Notre Dame d’Acey est un haut lieu de la rencontre. Il faut entrer dans cet espace, retirer les masques, et tenir sa vérité comme une flamme fragile au creux de ses deux mains. Il faut se taire aussi et fondre le silence personnel dans le vaste silence qui est la présence et la conscience de cette église.
Alors les pierres parlent. Et quelle que soit sa passion, quel que soit son malheur, quelle que soit sa révolte, tout Homme est ici chez lui pourvu qu’il sache porter sa peine. Quiconque franchit le portail de Notre Dame d’Acey découvre la sécurité. Aucune solitude n’y résiste. C’est ici le lieu de la réconciliation la plus profonde et souvent la plus décisive : celle de l’humain avec le sacré car le puissant mouvement qui s’élance des piliers et des colonnes pour s’épanouir dans la légèreté des voûtes nous entraîne vers le haut, au-delà de nous-mêmes, jusqu’au soleil qui joue avec la pierre qui devient présence et tendresse de Dieu dans la lumière.
Chaque matin le soleil glorieux ressuscite sur le chœur et sur l’autel, là où Jésus-Ressuscité revient parmi nous. C’est ici que chacun peut entendre l’appel le plus profond, celui que la vie fiévreuse et ses angoisses risquaient d’étouffer à jamais. C ‘est ici qu’un destin se découvre liberté car c’est ici que toute emprise desserre son étreinte, et dans la paix retrouvée, quand nos regards fatigués se lèvent vers le Christ en croix, ils contemplent dans ce visage la souveraine sécurité, celle qui suit les combats.
O abbatiale, fondée sur l’amour du Dieu créateur pour nous, voix de joies toutes nos joies et de nos peines, fléchée dans la fervente symphonie des vitraux que le soleil levant féconde ! Louée sois-tu, musique pure de ces vitraux, émouvants dans leur discrète abstraction, ils nous apprennent à respirer le mystère. A mesure que l’aube monte dans le ciel, le soleil les allume l’un après l’autre. En chacun d’eux, tour à tour, le monde s’éveille. Les feuillages des arbres surgissent alors les verrières s’animent d’un jour nouveau. C’est un grouillement lumineux qui accueille les fidèles aux Laudes.
Maison construite sur la paix de l’éternité, de ses murs rayonne la rayonne la compassion, de son ombre jaillit une voix qui fait vivre. Dans le silence de cette église, on cueille les cris de notre terre et l’on dépose le fardeau du monde sur l’autel. Maison de notre de notre Dieu, bâtie sur la miséricorde, en elle les regards traqués rencontrent celui qui pardonne.
Vigiles de la dédicace de Notre Dame d’Acey
17 septembre 2024
P. Bernard