Homélie du 15 sept 2024, 24e dimanche du temps ordinaire année B par Père Marie-Bruno

Première lecture: Is 50, 5-9a, Psaume: 114, Deuxième lecture: Jc 2, 14-18, Évangile: Mc 8, 27-35

Homélie du 25e dimanche ordinaire B 2024 par P. Marie-Bruno

Abbaye d’Acey, le 15 septembre 2021

«  Au dire des gens, qui suis-je  ?  ». Jésus aurait-il succombé par avance à la mode des sondages qui caractérise notre époque  ? A vrai dire Jésus ne s’attarde pas à la réponse à cette question. Il n’est pas à la recherche des opinions le concernant. Ce qu’il veut c’est provoquer ses disciples. Les amener dans leur retranchements  : «  Et vous, que dites-vous  ? Pour vous qui suis-je  ?  ». Question qui résonne au long des siècles et qui rejoint chaque disciple de Jésus. Qui rejoint chacun de nous  : «  Pour toi qui suis-je  ?  ». Pour moi qui est Jésus. Nous pouvons répondre de multiples manières à cette question. Dans un premier temps nous pouvons répondre à partir de ce que nous avons appris au catéchisme, ou dans des études et des lectures ultérieures. Nous pouvons répondre avec les mots que la liturgie met sur nos lèvres pour confesser la foi de l’Eglise. Tout cela est juste et bon. Mais Jésus nous demande d’aller plus loin. Il veut que nous risquions nous-mêmes une parole, comme Pierre a risqué une parole. «  Tu es le Christ  ». «  Tu es le Messie  », «  Tu es le Fils du Dieu vivant  ». C’est du fond de son être que Pierre fait cette confession, qui diffère des opinions que ses compatriotes ont sur Jésus. Et on pourrait croire Pierre arrivé au sommet de sa vie de foi en cet instant où il confesse Jésus comme Christ. Et pourtant… que de chemin aura-t-il à parcourir avant de donner pleinement consistance à sa confession de foi.

Jésus ne donne pas son identité. Il ne confirme ni n’infirme la confession de Pierre. Mais il invite à le cotoyer, à prendre le même chemin que lui. «  Si quelqu’un veut marcher à ma suite…  ». Oui Pierre, Jésus est le Christ. Mais il te faudra apprendre de lui ce que cache ce titre. Un messie qui n’est pas à la mesure de tes idées, de tes attentes, ni de celles de ton peuple. Mais un Messie tel qu’il se révèlera petit à petit en Jésus de Nazareth, en ses paroles et en ses actes. Il faut à Pierre passer de ses vues humaines aux vues de Dieu. «  Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celle des hommes  ». Et c’est au jour de la Passion que Pierre va connaître ce basculement. Jésus le préviendra d’avance : «  Satan vous a réclamé pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi Pierre afin que ta foi ne défaille pas et toi quand tu seras revenu à moi affermis tes frères  ». C’est au moment où tout semblera s’écrouler pour lui que la confession de Pierre prendra toute sa valeur. «Je ne connais pas cet homme  ». Alors que Jésus a été arrêté par ses ennemis, qu’il entre dans l’engrenage qui le conduira à une mort infâme sur la croix, qu’il vit ce qu’il a annoncé du Fils de l’Homme rejeté et tué, Pierre, le compagnon de la première heure, Pierre qui a confessé Jésus Christ et messie, Pierre renie, s’enfonce dans les ténèbres de la lâcheté. « Mais Jésus se retournant posa son regard sur lui. Alors Pierre sortit et, dehors pleura amèrement ». Pierre vient de faire l’expérience amère de sa misère, de sa faiblesse, du péché qui a pris pour lui une forme qu’il n’aurait jamais imaginé  : renier celui à qui il avait affirmé de façon péremptoire  : «  Je donnerais ma vie pour toi  ». Du fond de sa détresse, de l’humiliation qui le terrasse, Pierre est relevé par le regard de Jésus. Et les larmes qu’il verse sont elles aussi confession de foi. Car désormais il peut dire qu’il connait Jésus, désormais il peut répondre en vérité à la question «Pour toi qui suis-je  ?  ». Tu es le Christ, celui qui vient nous rejoindre jusqu’au tréfond de notre misère, de notre faiblesse, pour nous relever sans aucun mérite de notre part. Tu es le Messie qui n’est pas venu pour juger mais pour sauver. Tu es le Fils de Dieu, dont les entrailles de miséricorde ne cessent de nous enfanter à sa vie divine. Pierre a fait l’expérience qu’il faut misère pour avoir foi. Il sait maintenant par expérience jusqu’où peut aller l’amour de Dieu manifesté en Jésus.


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