Homélie pour le 20e dimanche ordinaire année B par Père Marie-Bruno

Première lecture : Pr 9, 1-6 Deuxième lecture : Ep 5, 15-20 Évangile : Jn 6, 51-58

Homélie Texte:

20e dim. du Temps Ordinaire

Jn  6,51-58

Abbaye d’Acey  2024

Parenthèse dans la lecture de l’Évangile de Marc en cette année B, nous poursuivons la méditation du chapitre 6 de St Jean, commencée il y a 4 semaines. Et qui trouvera son apogée dimanche prochain où l’on verra le discours de Jésus provoquer les premières défections   autour de lui : « A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner ».

Aujourd’hui déjà ça sent le roussi  : « Les juifs se querellaient entre eux  : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ?».

2000 ans de pratique eucharistique, de réflexion théologique, de développement spirituel, nous empêchent peut-être de saisir la stupeur des auditeurs de Jésus face à ses propos proprement scandaleux, qui font trébucher. « Moi je suis le pain vivant qui est descendu du ciel », « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. ». Mais soyons honnêtes  : de tels propos ne restent-ils pas pour nous aussi un défi à l’entendement  ? La large désaffection de nos églises, où ne pratique qu’une infime minorité de catholiques, n’est-elle pas dû en partie au fait que nos contemporains ne comprennent plus ce qui s’y vit   ? Et pour qui les propos de Jésus sont aussi rudes à entendre. La réponse à la question : « Comment peut-il nous donner sa chair à manger   ? », Jésus nous la donne le soir du jeudi saint quand il prit la coupe et le pain en disant « Prenez et mangez  : ceci est mon corps livré pour vous. Prenez et buvez ceci est mon sang versé pour vous ». Notre foi en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie repose sur les paroles de Jésus. Elle repose sur la Parole, lue et interprétée en Eglise. Cette Parole de Dieu qui est elle aussi une nourriture qui nourrit notre foi   : « Que ta parole est douce à mon palais, plus que le miel à ma bouche   ! » dit le psalmiste. La structure de notre célébration eucharistique le rappelle : nous sommes invités à nous nourrir à la table de la Parole et à l’autel du sacrifice eucharistique. Notre foi en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie ne fait pas de nous des anthropophages. C’est le corps Ressuscité de Jésus que nous recevons. Ce corps glorifié, qui échappe à tout conditionnement de lieu et de temps. Ce corps dans lequel le Verbe s’est fait chair et qui a été le moyen par lequel Dieu a épousé définitivement notre humanité. L’Eucharistie est l’aboutissement logique de l’Incarnation. En s’incarnant le Fils de Dieu n’a pas fait semblant   : par l’Eucharistie il va jusqu’au bout du don qu’il fait de lui-même. Dieu ne peut donner rien d’autre que lui-même. En se donnant il offre à chacun de s’unir à lui et à tous ensemble d’être son Corps qui est l’Église. Participer à l’Eucharistie est toujours une démarche personnelle inscrite dans une vie communautaire. Notre foi en la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie repose aussi sur le témoignage de tant et tant de saints qui depuis 20 siècles ont fait de leur existence une vie eucharistique.

Pensons à Sainte Teresa de Calcuta qui put voir le Christ vivant dans les plus pauvres des plus pauvres parce que son regard de foi était aiguisé par des heures et des heures avec Jésus-Eucharistie, célébré et adoré quotidiennement. Et nous avons tous autour de nous des exemples de personnes qui souvent humblement, dans l’humilité, vive dans l’intimité du Coeur eucharistique de Jésus. Je pense à ce monsieur tout simple, que nous ne voyons plus maintenant mais qui il y a quelques années participait à notre eucharistie dominicale et qui quand il communiait, au moment où il recevait le corps du Christ, fixait l’hostie d’un beau regard et murmurait ces mots de St Thomas devant le Ressuscité   : « Mon Seigneur et mon Dieu ». La présence de Jésus en l’Eucharistie requiert de nous un acte de foi. Et la foi est un don de Dieu. Ce n’est ni la chair ni le sang qui nous révèle cela mais notre Père qui est dans les cieux. « Nul ne peut dire Jésus est Seigneur   ! Nul ne peut confesser Jésus présent dans l’Eucharistie ci ce n’est par le Saint-Esprit ». Une grâce à demander pour persévérer dans la foi   : « Je crois en toi Jésus présent en ce pain et ce vin, mais fait grandir en moi la foi ».


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